Négocier son départ suite à un harcèlement

Négocier son départ suite à un harcèlement

Négocier son départ suite à un harcèlement

Il est utile de rappeler ce qu’est un harcèlement dans ses dimensions juridique et psychologique car, comme tous les mots qui deviennent « à la mode », il peut servir de fourre-tout.

Dimension juridique

Un harcèlement est une répétition d’actes (paroles ou comportements) entraînant une dégradation des conditions de travail qui a pour effet d’affecter la victime dans ses droits et sa dignité mais également dans sa santé physique ou mentale.

L’atteinte aux droits peut consister en la répétition de sanctions disciplinaires injustifiées ou infondées juridiquement, en l’absence de promotion, en une rétrogradation fonctionnelle etc.

L’atteinte à la dignité peut s’entendre comme des humiliations répétées, des comportements provocateurs, un isolement professionnel (par ex : harcèlement discriminatoire).

L’existence juridique du harcèlement est soumise à une exigence préalable : la répétition des faits fautifs, ce qui signifie qu’une violence verbale ou physique réalisée une fois n’est pas un harcèlement. Cela suppose donc une réitération, une constance, une répétition des faits fautifs dans le temps (même s’ils changent) visant à affecter la victime desdits faits.

Pour faire l’objet d’une action en justice il est donc nécessaire :

  • De faire constater les souffrances et les conséquences somatiques et psychiques sur la vie de la personne victime par la médecine du travail.
  • Que les faits de harcèlement soient caractérisés au sens de leur répétition et de leur atteinte à la dignité de la personne.

Dimension Psychologique

Un harcèlement est une atteinte à la dignité humaine et professionnelle de la personne qui en est victime. Cette atteinte entraine une souffrance d’autant plus profonde et délétère que l’atteinte est, par définition, répétée.

Qui plus est, cette violence s’imprime répétitivement et creuse un sillon intérieur par lequel elle va repasser d’autant plus volontiers qu’elle se creuse par son propre passage, c’est l’effet auto-renforçant exacerbant la sensibilité et la vulnérabilité de la personne.

Il est vivement conseillé à la personne victime de cette situation de se faire aider, en amont ou en parallèle d’une action juridique, sur un plan psychothérapeutique dans le but pour elle de :

–      Traiter ses souffrances induites pour stopper leur impact délétère ;

–      Reprendre sa puissance personnelle ;

–      Éclaircir pour elle-même les processus dans lesquels elle se trouve dans ses situations de harcèlement (sa vulnérabilité, le fait d’avoir été « accrochée ») ;

–      Traiter les vulnérabilités car, où que l’on aille, on part toujours avec soi.

–      Sortir de la répétition en changeant d’attitude intérieure et de la position de victime dans laquelle la personne se trouve. Par exemple, le modèles des jeux psychologiques de l’analyse transactionnelle et les positions sur le triangle dramatique de S. KARPMAN sont utiles et éclairants, en autres approches.

Note : Il faut aussi savoir que pour tous les établissements de plus de 50 salariés le Comité d’hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) est en charge de l’examen et du suivi des risques psycho-sociaux et de la santé au travail. En l’absence de CHSCT, ce sont les délégués du personnel qui exercent les attributions normalement dévolues au comité. En l’absence de délégués du personnel, la direction de l’entreprise reste comptable de la bonne santé des salariés au travail.

Avant de passer aux conseils, je vous invite à lire l’article bien négocier son départ volontaire avec son employeur.

Coaching

Vous avez été victime de harcèlement. Il est constitué dans les faits. Vous reprenez petit-à-petit votre puissance grâce au travail thérapeutique et une action en justice est en cours ou a déjà été jugée dans un sens qui vous est favorable.

Néanmoins, vous avez décidé de quitter votre entreprise dans laquelle vous avez vécu ces moments difficiles car vous ne vous voyez pas retourner là où s’est produit le harcèlement, et en particulier continuer d’être en contact avec la ou les personnes qui en était le ou les auteur(e)s. Vous pouvez tout à fait négocier ce départ !

Il est alors nécessaire de regarder plusieurs aspects :

  • Même si le ou les auteur(e)s ont été condamné(e)s et que vous ayez perçu une indemnité au titre du préjudice subi, vous êtes seul juge de ce que vous sentez et de l’appréciation de ce que vous voulez faire ou non ;
  • Le jugement n’est pas un acte thérapeutique même s’il aide, c’est un acte judiciaire qui dit le droit. Il clôt l’affaire sur un plan juridique mais pas sur un plan psychologique.
  • Le harcèlement a été opérant car une ou des personnes ont agi comme bourreauxà votre égard et vous comme victime. Il y a donc eu des limites que vous n’avez pas pu, su ou voulu mettre.

Comme toute négociation, il convient de définir, surtout dans un contexte où vous avez souffert :

  • Votre meilleur positionnement
  • Le meilleur timing
  • Vos objectifs (ce à quoi vous voulez arriver / obtenir).
  • Établir la légitimité de vos demandes

Survolons 2 aspects dans le cadre de cet article.

Votre meilleur positionnement

Qu’un jugement a déjà été rendu en votre faveur et les auteur(e)s condamné(e)s ou non au moment où vous décidez de négocier votre départ, vous avez un atout de taille : vous avez montré à votre entreprise, en les assignant, que vous agissez et que vous ne subissez plus. Le processus a donc changé. Vous basculez le rapport de force en votre faveur.

Lorsque vous notifiez votre volonté de quitter l’entreprise (une fois votre timing, objectifs et stratégie définis), il est très important que vous ne n’agissiez pas sous le coup de la colère, de la menace ou de la vengeance (d’où l’importance d’être aidé en psychothérapie ou en coaching) mais que vous disiez clairement à votre interlocuteur qu’indépendamment du jugement rendu ou à venir, l’entreprise n’a pas assuré son obligation de protéger le bien-être de ses collaborateurs et que vous ne prenez pas le risque de devoir faire face à de nouveaux faits potentiels.

Vos objectifs (ce à quoi vous voulez arriver / obtenir).

Qu’au titre de ce risque que vous ne voulez pas courir, il n’est pas question que vous démissionniez et vous demandez au minimum la mise en place d’une Rupture Conventionnelle de Contrat de Travail à Durée Indéterminée.

Note : En revanche, il n’est pas possible de mettre fin à un CDD avant son terme par une rupture conventionnelle classique. La solution la plus avantageuse pour les deux parties consiste en une rupture àl’amiable qui garantit au salarié le versement d’une indemnité de rupture, et à l’employeur un départ en douceur de son salarié.

Par ailleurs, vous pouvez également agir sur le préavis (sur sa durée ou en en étant dispensé mais payé) et sur l’obtention d’une référence.

Il est important que vous ayez suffisamment travaillé sur la prise de conscience de ce qui s’est joué pour vous et dans la relation lors des faits de harcèlement afin que vous puissiez faire tranquillement face à votre prochain employeur en manifestant clairement l’attitude d’une personne qui a appris de cette situation pénible et qui sait maintenant se défendre tout en étant loyale et impliqué dans son entreprise.

Conclusion

Être victime de harcèlement est une situation très pénible et préjudiciable à la santé psychique et physique. L’arsenal juridique est très protecteur à cet égard, encore faut-il que les faits soient constitués. Un accompagnement de type coaching ou psychothérapeutique est par ailleurs indispensable pour en « sortir par le haut », sans oubli mais en ayant appris de cette expérience.

Pour en savoir plus sur comment négocier son départ suite à un harcèlement, ou pour contacter un coach spécialisé en négociation de départ, écrivez-nous en passant par notre formulaire de contact.